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— A PROPOS DE LA CREATION DE CETTE ENCYCLOPEDIE par Sylvie Balestra, chorégraphe

Pourquoi cette encyclopédie du geste au travail ?

 

Cette encyclopédie rend compte de 10 années d’observation. Je suis chorégraphe et j’associe danse et anthropologie, avec la compagnie SYLEX qui porte mes recherches et créations depuis 2010. Je fais un travail de terrain: je vais à la rencontre de communautés, c’est-à-dire des groupes de personnes qui ont un commun social. Le travail est souvent l’objet de mes recherches et de commandes artistiques. Concrètement je passe du temps avec des personnes, je mène des entretiens, je les enregistre ou les filme. Ces éléments d’observations, d’enquêtes, je les utilise pour créer des spectacles, c’est la matière première pour mes créations. Autour de mes œuvres chorégraphiques, j’aime provoquer des rencontres: j’utilise certaines vidéos ou entretiens pour échanger avec les communautés que j’observe. Pendant mes recherches, cela me permet de trouver un langage commun et aussi de partager avec d’autres personnes extérieures à ces groupes. C’est grâce à ces moments là que je me suis rendue compte de l’intérêt des personnes pour cette matière première qui a plutôt avoir avec du documentaire. Beaucoup de personnes travaillent mais on ne sait pas ce qu’elles font, ni comment elles le font. J’y suis sensible parce qu’en tant qu’artiste j’en fait l’expérience tout le temps. Nous avons des à priori et des idées reçues sur tel et tel travail alors que nous ne savons pas comment cela se passe. Cette encyclopédie révèle ce qui est invisible: à la fois la partie immergée de mes spectacles, ce qui les nourrit, et le quotidien de travailleurs et travailleuses. Cette encyclopédie est l’occasion de prolonger les rencontres et comme souvent dans mes créations, de donner la parole directement aux personnes via des entretiens, des vidéos. Alors qu’elles sont les premières expertes de leur travail avec leur savoir- faire, elles ont rarement l’occasion de parler de ce qu’elles font et ressentent. Dans cette encyclopédie, il y a à la fois des témoignages de personnes qui ont travaillé toute leur vie dans une usine et des élèves en apprentissage qui, s’ils et elles n’ont pas encore l’expérience du travail, ont une réflexion sur le métier qui n’a pas encore subi la cadence et les exigences du travail, la réflexivité est possible. J’aime échanger et créer avec eux en traversant les gestes et le vocabulaire de leur « futur » métier.

— A PROPOS DE CETTE ENCYCLOPEDIE par Nicolas Adell, anthropologue

L’Encyclopédie du geste au travail est une entreprise sans équivalent. Elle n’est pas ni une encyclopédie des métiers qui offrirait d’en découvrir les histoires, les structures, les organisations, ni un manuel qui permettrait d’apprendre à réaliser certains gestes précis ou certaines opérations techniques.

— A PROPOS DES CINETOGRAMMES par Garance Bréhaudat, notatrice laban

Je m’appelle Garance, je suis danseuse et notatrice Laban, c’est -à- dire que j’ai appris la notation du mouvement, enfin j’ai appris un système de notation du mouvement pour transcrire le mouvement comme de partitions qu’on connait en musique. Il existe plusieurs notations de mouvements. Des penseurs et théoricien du mouvement ont essayé de trouver des manières de transcrire le geste : par des mots, par des dessins, par des symboles. En fait, ça s’appelle notation Laban, de son inventeur Rudolf Laban qui a inventé ça en 1928, au début du XXe siècle et qui était un passionné du mouvement et donc qui ne s’arrête pas qu’aux mouvements dansés mais c’est interroger le mouvement dans sa globalité de comment un corps bouge dans l’espace.

— POUR ALLER PLUS LOIN – Bibliographie

Qui dit anthropologie du geste dit ANTHROPOLOGIE DU MIMISME. C’est un laboratoire expérimental qui s’ouvre devant nous. Ce n’est plus l’instrument mort qui morcelle l’homme. C’est l’homme qui prend conscience de l’homme. L’expérimentateur est devenu l’expérimenté. L’homme n’est plus ‘’cet inconnu’’. Il est son découvreur. On ne se connaît bien que par soi-même. Mais pour bien se connaître, il faut s’observer. Le vrai laboratoire est un observatoire. C’est un observatoire de soi-même. Et cet observatoire est un laboratoire car c’est un dur labeur que d’apprendre à se voir. Aussi faut-il créer ce qu’on pourrait appeler justement des «Laboratoires de prise de conscience».  MARCEL JOUSSE – L’Anthropologie du geste – 1974- Gallimard